A la base, mentir est un comportement normal qui concernent tous les enfants.
En général, les enfants mentent parce qu'ils ont peur de la réaction des adultes ( humiliation, punition, violence physique, retrait de privilèges,...) parce qu'ils craignent un discours moralisateur, qu'ils veulent protéger quelqu'un ou lui être loyal, qu'ils y trouvent un gain relationnel comme de la reconnaissance ou la confirmation d'une identité de "rebelle" ou encore qu'ils ont "appris" à mentir en observant les adultes autour d'eux.
Par ailleurs l'âge est à prendre en compte:
Vers 4-5 ans, l'enfant commence à réaliser que ce qui se passe dans la tête des autres est différent de ce qui se passe dans sa tête. Une étude publiée en 2021 a montré que dès 5 ans, des enfants mentent non seulement pour éviter une sanction ou obtenir quelque chose, mais aussi pour gérer l’impression que les autres ont d’eux (réputation).
Avant 6-7 ans, les jeunes enfants peuvent avoir du mal à différencier le réel de l'imaginaire, il est souvent incapable de se mettre dans la peau de son interlocuteur donc de bien saisir l'impact de ses mensonges. Ce phénomène porte le nom de fabulation et n'est pas un mensonge puisque l'enfant n' a pas l'intention de tromper l'autre.
Chez l'adolescent, les mensonges prennent un tout autre sens, l'adolescent aura tendance à mentir lorsque vous posez trop de questions, que vous l'encadrez à l'excès ou que vous vous inquiétez pour rien à leurs yeux.. Il mentira pour se défaire d'une emprise trop étouffante. Il peut mentir aussi par défi pour vous faire réagir parce que vous détestez ça, de façon à déclencher un affrontement.
Ce « non non, t’inquiète » un peu trop rapide, ce regard qui fuit, ne sont pas forcément des marques de provocation.
Souvent, c’est une tentative de protéger son monde intérieur.
Le mensonge, à l’adolescence, est souvent un outil d’autonomie maladroit.
Mais la nuance dépend de l’âge :
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	Entre 11 et 13 ans, il teste les limites. 
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	Entre 14 et 16 ans, il cherche son intimité. 
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	Entre 17 et 18 ans, il défend sa liberté. 
L’adolescent ment davantage lorsqu’il se sent trop interrogé, trop contrôlé ou jugé. Il peut aussi mentir par défi, pour provoquer une réaction, ou pour reprendre du pouvoir face à ce qu’il ressent comme une emprise étouffante.
 Le piège ? Fouiller, espionner, interroger comme un policier.
On peut y gagner une information, mais on perd la confiance.
Parfois, il est légitime de consulter son téléphone, non pour le piéger, mais pour le protéger.
Avant 13 ans, le parent pose les règles avec lui.
À 15 ans, il parle d’équilibre.
À 17 ans, il privilégie le dialogue au contrôle.
Parce que ce qui abîme la relation, ce n’est pas le secret, c’est le silence.
Le vrai pouvoir du parent, c’est d’être un repère stable quand tout bouge à l’intérieur de son adolescent.
Et de rester celui chez qui il peut dire la vérité, sans peur.
Mentir peut être aussi un moyen pour l'enfant de manifester un besoin d'attention ou de reconnaissance.
Il est primordial de ne pas dramatiser mais plutôt de chercher à comprendre les raisons qui ont poussé l'enfant à mentir: par exemple, si vous notez que votre enfant ment systématiquement de peur de se faire punir, il pourrait être pertinent de questionner le système de punition mis en place.
Quelques conseils:
- Eviter les interrogatoires
Les enfants sentent quand les parents les soumettent à un interrogatoire dont ils connaissent pourtant déjà les réponses. Les enfants sont alors tentés de répondre par un mensonge défensif.
- Nier les sentiments et émotions des petits, c'est déjà leur apprendre à mentir!
Le problème de nier les émotions d'un enfant est qu'il apprend que c'est dangereux de faire part de ses sentiments véritables. L'enfant peut alors avoir l'impression qu'il vaut mieux mentir et que les parents ne veulent entendre que les vérités plaisantes.
Ex: une manière efficace de réagir face à un enfant qui dit détester sa soeur peut être de reconnaître sa contrariété: "Donc tu ne l'aime plus. Veux-tu me dire ce qu'elle a fait pour te mettre en colère?"
- Faire le lien avec l'imagination
Les enfants peuvent mentir pour se procurer par l'imagination ce qu'il leur manque! Les mensonges sont des vérités sur leurs peurs et leurs espérances. Si le parent envisage le mensonge de cette manière, il pourra comprendre ce que l'enfant aimerait être/avoir ou faire, ce qu'il aimerait expérimenter.
- Ne pas mentir soi-même
Un adulte qui ment en prétendant qu'il a oublié de faire quelque chose, alors qu'il n'en avait juste pas envie, enseigne déjà le mensonge car les enfants sont de grands imitateurs!
- Eviter l'étiquette de menteur
En collant une étiquette de menteur, on le persuade qu'il en est un! Cela risque, sans le vouloir, de l'encourager à continuer. On devient ce qu'on dit de nous!
Décrire le problème sans faire honte à l'enfant: "tu as pris un euro dans mon porte-monnaie".
Partager nos propres sentiments d'adultes: "cela me préoccupe".
Expliciter vos attentes: "je suis déçu que tu m'aies pas dit que tu avais besoin d'un euro. Si tu as besoin d'argent, viens m'en parler. On trouvera un arrangement".
Guider sans leçon de moral pour préserver la dignité de l'enfant: "voilà comment tu peux réparer ce que tu as fait. Tu peux t'excuser et rendre l'argent. Qu'en penses-tu?
Si l'argent a déjà été dépensé, la discussion portera sur la manière de rembourser par une réparation compensatrice: effectuer des tâches rémunérées? réduire l'argent de poche de la somme manquante? ou une autre solution trouvée en collaboration avec l'enfant.
- Privilégier la réparation aux punitions vides de sens
- Montrer notre confiance pour limiter le mensonge
Plus on montrera à l'enfant que l'on a confiance en lui et que l'on ne remet pas sa parole en doute, plus il cherchera à être à la hauteur en nous disant la vérité. On a forcément envie de faire plus d'effort quand quelqu'un croit en nous, que quand on se sent rabaisser!
Le mensonge n'a pas la même implication s'il est occasionnel ou récurrent, dans ce cas, il peut être le symptôme d'un mal-être général.
Quand s’inquiéter ?
Le mensonge est une étape normale du développement, mais il peut devenir préoccupant lorsqu’il s’installe dans la durée ou s’accompagne d’autres signaux de mal-être.
On peut commencer à s’interroger lorsque :
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	les mensonges sont fréquents et systématiques, quelle que soit la situation ; 
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	l’enfant ment pour obtenir un avantage personnel (argent, privilège, attention) sans empathie pour l’autre ; 
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	le mensonge s’accompagne de comportements de triche, de provocation ou d’agressivité ; 
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	il isole, évite le dialogue ou semble indifférent aux conséquences de ses actes ; 
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	il ne cherche plus à réparer ou à rétablir la relation après la découverte du mensonge. 
Ces formes de mensonges plus “instrumentales” peuvent être le reflet d’un déséquilibre émotionnel, d’un besoin de contrôle, d’un manque de sécurité affective ou d’un environnement perçu comme trop punitif ou imprévisible.
Il ne s’agit pas de juger, mais d’écouter ce que le comportement raconte : souvent, derrière le mensonge récurrent, il y a un besoin non entendu.
Lorsque le mensonge interfère avec la vie familiale, scolaire ou sociale, ou qu’il devient source de tension constante, il peut être utile de consulter pour aider l’enfant ou l’adolescent à exprimer ce qui se joue derrière ces dissimulations et restaurer un climat de confiance.
Dans tous les cas, si les mensonges de votre enfant vous préoccupent, vous pouvez tout à fait envisager un accompagnement afin de l'aider à exprimer ce qui le pousse à mentir. Cela est même recommander à partir du moment où le mensonge interfère avec la qualité des relations familiales ou sociales.
 
